L’Art-thérapie : Un voyage intérieur
- valeriemerland22
- 8 févr.
- 5 min de lecture
L’art-thérapie intrigue, mais reste encore méconnue. Beaucoup l’associent à une activité artistique, à du coloriage ou à un passe-temps créatif. Pourtant, c’est une véritable approche thérapeutique qui permet d’exprimer ce que les mots ne peuvent pas toujours dire, qui permet d’exprimer, comprendre et transformer ses émotions à travers la création.
Alors comment se déroule une séance d’art-thérapie ? À qui cela s’adresse-t-il ? Et en quoi est-ce différent d’une psychothérapie classique ?
Dans cet article, je vous emmène découvrir l’art-thérapie de l’intérieur. Plongeons ensemble dans cet univers où l’art devient un langage pour l’inconscient.
QU’EST-CE QUE L’ART-THÉRAPIE ?
L’art-thérapie est une approche qui utilise la création artistique comme moyen d’expression et de transformation. Contrairement à une psychothérapie classique, où l’échange verbal est au centre du travail, ici, l’image, la forme et la matière permettent de faire émerger des ressentis souvent difficiles à verbaliser.
Il ne s’agit pas d’apprendre à dessiner ou à produire une œuvre esthétique, mais d’explorer son monde intérieur à travers le geste créatif. Aucun talent artistique n’est requis : c’est le processus, et non le résultat, qui compte.
DEROULEMENT D’UNE SEANCE D’ART-THERAPIE
Une séance d’art-thérapie suit généralement plusieurs étapes clés :
Accueil et mise en confiance : L’art-thérapeute crée un espace sécurisant et bienveillant où la personne peut s’exprimer librement. L’art-thérapeute invite la personne à s’installer, à prendre un temps pour ressentir son état du moment.
Échauffement et connexion à soi :
Cette étape prépare le corps et l’esprit à la création. Cela permet de se libérer du stress et du mental, se reconnecter aux sensations corporelles, se laisser aller dans le geste sans attente de résultat.
Exploration et transformation :
C’est la phase principale de la séance. En fonction des besoins de la personne, l’art-thérapeute propose un support (peinture, collage, modelage, écriture, etc.) ou laisse le participant choisir librement. L’objectif est de laisser émerger une expression spontanée. Ensuite l’accompagné observe son œuvre, met des mots sur ce qu’elle lui évoque, et peut, si besoin, la modifier ou la développer.
Clôture et mise en sens : La séance se termine par un temps d’échange sur ce qui a été vécu pendant la création, ce qui en ressort et comment cela peut faire écho à la vie quotidienne.
L’approche varie en fonction des besoins et des problématiques de chacun.

Voici quelques exemples concrets.
Exemple 1 : Apprivoiser ses émotions (enfant hypersensible, 8 ans)
Léa, 8 ans, est une enfant qui a du mal à gérer sa colère. Lorsqu’elle est frustrée, elle explose ou se referme.
Accueil et mise en confiance : Léa arrive tendue et dit qu’elle est "énervée sans savoir pourquoi". Plutôt que de lui demander de l’expliquer, je l’invite à choisir une couleur qui représente son état du moment. Elle choisit un rouge vif.
Proposition créative : Je lui propose d’utiliser de la pâte à modeler pour donner une forme à sa colère. Elle crée une boule hérissée de pics, qu’elle malaxe avec force.
Exploration et transformation : Nous observons ensemble sa création. "Si ta colère pouvait parler, que dirait-elle ?" Léa répond : "Qu’elle en a marre." Nous discutons de ce que cette colère a besoin pour se sentir mieux. Elle décide d’aplatir les pics et d’ajouter un visage rassurant. Peu à peu, elle transforme sa boule agressive en un petit personnage paisible.
Clôture : En fin de séance, elle remarque : "Il est plus calme, comme moi maintenant." Nous échangeons sur des moyens de refaire ce processus lorsqu’elle sent la colère monter.
➡ Cette séance lui a permis d’extérioriser son émotion, de la transformer et d’envisager d’autres manières de la gérer.

Exemple 2 : Trouver sa place (adolescent, 15 ans)
Maxime, 15 ans, est un adolescent introverti qui se sent "différent" et incompris. Il a du mal à exprimer ses émotions et se replie sur lui-même.
Accueil et échange : Maxime arrive à la séance, visiblement peu enclin à parler. Je lui pose une question simple : "Si tu devais te représenter sous la forme d’un objet ou d’un paysage, ce serait quoi ?" Il réfléchit un moment, puis murmure : "Un puzzle… mais avec des pièces manquantes."
Proposition créative : Je lui propose de travailler sur cette image du puzzle. A l’aide de papiers de différentes textures et couleurs, de peinture et de ciseaux, il commence à découper des formes et à les assembler sur une feuille. Il crée un personnage fait de pièces dépareillées, certaines bien collées, d’autres flottantes.
Exploration et mise en sens : Au fil de la création, Maxime commence à parler : "J’ai l’impression d’être incomplet", dit-il. Nous discutons de cette sensation. Il réfléchit, puis ajoute des morceaux de papier autour de son personnage, comme s’il était en construction.
Clôture : Je lui demande ce qu’il ressent en regardant son œuvre. Il esquisse un léger sourire : "Finalement, il n’a pas besoin d’être fini tout de suite. Peut-être que c’est OK d’être en cours de construction." Nous parlons de la façon dont il peut se rappeler cela dans son quotidien, et il décide d’emporter son collage chez lui pour l’accrocher dans sa chambre.
➡ Cette séance lui a permis de poser un regard plus bienveillant sur lui-même et d’amorcer une réflexion sur son identité.

Exemple 3 : Se reconnecter à soi (adulte en burnout, 38 ans)
Sophie, 38 ans, cadre en entreprise, se sent épuisée et vidée de son énergie. Elle ne sait plus ce qu’elle veut vraiment et a l’impression de "fonctionner en mode automatique".
Accueil et échange : Elle décrit son état comme celui d’un robot avançant sans but. Plutôt que de lui demander de développer avec des mots, je lui propose d’explorer cette sensation à travers la création.
Proposition créative : le collage intuitif -> Je lui propose de feuilleter des magazines et de découper des images et mots qui l’attirent. Elle sélectionne d’abord des structures rigides (bâtiments, machines), puis des éléments plus doux (paysage, lumière).
Exploration et mise en sens : Elle réalise qu’une part d’elle aspire à ralentir. "Je crois que j’ai envie d’autre chose, mais je ne me l’autorise pas. Nous explorons ce qui la retient, ses peurs, mais aussi ses désirs enfouis. Je l’invite ensuite à ajouter un élément de sa propre main sur le collage, une trace personnelle. Elle ajoute alors une route reliant ses deux univers.
Clôture : Nous discutons de ce qu’elle retient de cette expérience. Sophie désire retrouver du sens dans ce qu’elle fait. "J’ai encore du chemin à faire, mais au moins, je sais dans quelle direction aller." Nous échangeons sur des petites actions concrètes qu’elle pourrait mettre en place pour amorcer ce changement.
➡ Cette séance lui a permis de visualiser son ressenti et d’initier une prise de conscience sur son besoin de transformation.

ART-THÉRAPIE ET PSYCHOTÉRAPIE : QUELLE DIFFÉRENCE ?
L’art-thérapie ne remplace pas une psychothérapie classique, mais peut être une alternative ou un complément efficace. La principale différence réside dans l’approche :
PSYCHOTERAPIE | ART-THERAPIE |
Basée sur la parole et l’analyse verbale. | Utilise la création comme moyen d’expression.
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Recherche la compréhension cognitive des émotions et comportements. | Permet une exploration sensorielle et intuitive.
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Convient aux personnes à l’aise avec le dialogue. | Aide ceux qui ont du mal à verbaliser leur ressenti.
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Dans les deux cas, le but est le même : mieux se connaître, mieux comprendre ses émotions et amorcer un changement positif.
POURQUOI ESSAYER L’ART-THERAPIE ?
L’art-thérapie est particulièrement indiquée pour :
✅ Les enfants et adolescents ayant du mal à exprimer leurs émotions.
✅ Les adultes en quête de sens ou traversant une période difficile.
✅ Toute personne souhaitant explorer son monde intérieur différemment.
L’art a cette capacité unique de révéler ce qui se cache au plus profond de nous.
Alors, pourquoi ne pas essayer ?

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